L'image que l'on a de soi, est-elle celle que nous renvoyons au monde?

Dernièrement, je suis sortie de ma zone de confort en réalisant une séance photo. Cette séance photo était presque une "pure coïncidence" entre la proposition d'un ami photographe et la demande de clichés pour la mise en place d'une activité professionnelle où l'on m'a conseillé de travailler mon image. Tout ceci est très loin de moi car je suis bien plus à l'aise derrière l'objectif que devant... Mais curieuse et toujours prête à vivre une nouvelle expérience, je me suis lancée.

Je savais que l'exercice ne serait pas si facile à réaliser mais je ne m'imaginais pas que cela allait manifester en moi une si grande réflexion sur l'image et l'estime que je pouvais avoir de moi-même...

A l'heure des réseaux sociaux, où toutes les images/ photos publiées sont prises à grand renfort de filtres en tout genre. Les visages sont grimés, le teint est lisse, la luminosité est parfaite, la coloration est fine, le maquillage est digne d'un professionnel.... L'image qui est alors donnée à être vu n'est pas réelle.

Pourquoi utiliser tous ces filtres? quel intérêt avons nous à déformer la réalité? pourquoi ne pas se montrer tel que nous sommes réellement?

Je me suis rendue compte récemment que l'exercice est bien plus compliqué qu'il n'y paraît... Il est surement plus facile de se "bonifier " avec un filtre comme si l'on portait un masque, une forme de protection pour ne pas se dévoiler complètement.

Lors de cette séance photo, je me suis sentie mise à nue, rien derrière lequel me cacher. Moi et rien d'autre que mon image avec la sensation de ne pas être sûr de bien connaître ou de reconnaître cette personne sur l'écran de l'appareil photo. Pas simple d'observer mon visage, son expression, le regard ... J'ai ressenti quelque chose de parfaitement différent de ce que je ressens tous les matins en me préparant devant mon miroir. Je n'éprouve pas spécifiquement de difficultés à me regarder dans un miroir, le reflet mobile que j'observe me plait ... alors oui ... plus ou moins en fonction des jours, mais cela ne m'est pas désagréable. 

Cette fois-ci, la sensation a été parfaitement différente. Comme si sur ces portraits photos figés dans le temps, imprimer sur un écran ou sur du papier, il y avait quelque chose d'immuable. Comme si cette personne qui me regarde avait quelque chose à dire d'elle, partagé un morceau d'elle sans filtre, quelque chose d'authentique, de sincère et de ce fait peut être par ce biais une forme de vulnérabilité. Me montrer tel que je suis, sans masque... 

Aujourd'hui encore, il ne m'est pas facile de regarder ces clichés. J'ai du mal à réaliser qu'il s'agit de moi. Est-ce que j'aime la personne que je vois ? C'est une bonne question... elle a l'air sympa, plutôt joviale mais je ne suis pas sûr de me percevoir de la même façon que s'il s'agissait d'une inconnue.

J'ai le sentiment que l'on est beaucoup plus critique et dure envers soi même. Comme si je pouvais entendre ma petite voix intérieure me souffler à l'oreille: "tu as l'air fatiguée", "tu n'es pas très souriante", ou encore "mais t'as vu tes rides"... Sympa...

Ce qui a été très enrichissant durant cette séance photo était l'échange avec le photographe et de "confronter" nos points de vu entre oeil avisé du professionnel et oeil novice et critique du sujet. Je me suis alors rendue compte à quel point des yeux différents regardant la même photo n'y voyaient pas du tout la même chose. Comment la perception, la sensation, l'émotion d'une photo pouvait être différente d'une personne à une autre. 

Qu'est-ce que cela dit du regard que je porte sur moi ? Suis-je assez bienveillante avec moi même ? Quelle importance mets-je dans ce que peuvent penser les autres en regardant ces photos ? Ais-je suffisamment confiance et d'estime de moi pour utiliser ces photos et les montrer ? Montrer une version sans filtre, sans masque, sans artifice au monde ? 

Dans un premier temps, j'ai préféré éluder ces questions, me laissant le temps d'intégrer cette expérience. Et comme la vie nous envoie des coup de pied... visiblement le travail perso n'étant pas fini, elle a su rapidement me faire un petit signe !

Le plus intéressant a été quand je me suis rendue sur le lieu de l'exposition pour tout à fait autre chose et que je suis passée devant sans même m'en apercevoir (acte manqué ;-) ...) ce sont alors les personnes aux alentours qui m'ont interpellé et qui m'ont montré les différents portraits exposés. Et voici l'épreuve des commentaires en live qui a commencé ! 

Ce n'est pas simple de recevoir des compliments... j'observais cette photo de moi ... une femme déjà différente de celle que je suis aujourd'hui ... et je me suis rendue compte que ce que les personnes présentent percevaient de moi et me projetaient n'était pas moi, juste leur représentation de mon image prise à un instant T. En écoutant les divers commentaires (pas toujours très élogieux d'ailleurs) j'ai pris conscience que cette image externe que je projette au monde pouvait être perçue différemment en fonction du regard déposé dessus.

Ce regard ne m'appartient pas. De ce fait ce que nous donnons à voir au monde peut être interprété de différentes façons et peu importe.

Car grâce à cette expérience, j'ai compris que ce qui compte véritablement est la manière dont moi je me vois. Cette vision va définir la façon dont je veux me montrer au monde. Et aujourd'hui je me sens suffisamment ancrée, centrée et en confiance pour me passer des filtres et des masques. Je suis en capacité d'explorer mon monde intérieur pour laisser de côté les faux semblants (j'accueille l'ombre et la lumière) et choisir la voie de l'ÊTRE et non celle du PARAÎTRE. Le regard et la validation des autres a alors moins d'impact ou d'importance. 

Se libérer du poids du regard extérieur pour se tourner vers notre intériorité est un chemin qui demande beaucoup de courage, de force et d'engagement personnel.

Je suis heureuse d'accompagner les hommes et les femmes en quête d'authenticité et de vérité intérieure vers une meilleure estime d'eux-même.

Marie-julie MARCHE, Mjhypnose, hypnose, reiki, Besançon